Crise ukrainienne
En reconnaissant les séparatistes du Donbass, Poutine inflige une “gifle aux Occidentaux”
En ordonnant à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine, Vladimir Poutine a provoqué, dans la nuit du lundi 21 au mardi 22 février, une réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU pour tenter d’éviter une guerre avec Kiev. Pour la presse européenne, ce geste de défiance vient fermer les portes des négociations entre la Russie et les Occidentaux.
“C’est ainsi que se termine le monde de l’après-guerre, et de l’après-guerre froide aussi : pas encore par un grand bang ni par des gémissements, mais par une diatribe.” Dans un éditorial analysant le discours de défiance de Vladimir Poutine à l’égard des Occidentaux lundi soir, le comité de rédaction du Washington Post estime que le maître du Kremlin a “délégitimé non seulement l’Ukraine indépendante et son gouvernement, mais aussi toutes les facettes de l’architecture sécuritaire européenne”.
En ordonnant à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine et en faisant fi des pressions des Occidentaux, qui ont vivement dénoncé cette décision, risquant de mettre le feu aux poudres, Vladimir Poutine a donné une véritable “gifle aux Occidentaux” qui “vient [fermer] les portes de la négociation et [menacer] par ricochet l’Europe d’un conflit”, note le correspondant du Soir en Russie, Benjamin Quenelle.
Poutine a “fermé la porte à la diplomatie”
“Cette décision saborde de fait les accords de Minsk II conclus en février 2015 pour résoudre la crise du Donbass par lesquels les deux républiques [de Lougansk et de Donetsk] souhaitent un statut spécial”, rappelle Le Temps. Or, “depuis quelques semaines, la France et l’Allemagne insistent [...] sur le fait que ces accords, si mis en œuvre pleinement, constituent un espoir pour assurer la paix en Ukraine”.
Pour La Libre Belgique, “une étape cruciale a été franchie lundi. Une de ces étapes de nature à amputer encore un peu plus l’Ukraine de son territoire, en violation du droit international, et à saper complètement les perspectives de paix”. Le quotidien belge estime que Vladimir Poutine est passé lundi soir “à l’offensive, fermant la porte à la diplomatie”.
“L’UE doit immédiatement imposer des sanctions sévères”
Pour le journaliste de la Frankfurter Allgemeine Zeitung Reinhard Veser, ce geste de défiance de Poutine à l’égard des Occidentaux “doit être le signal pour que l’UE impose immédiatement les sanctions sévères annoncées contre la Russie”. “Si ce n’est pas le cas, Poutine y verra un encouragement à aller de l’avant”, estime-t-il.
Dans un éditorial, El País se veut, lui, plutôt optimiste concernant les capacités d’action de l’Occident face à Vladimir Poutine. “Contrairement à ce qui s’est passé ces dernières années, les démocraties occidentales ont réussi à forger une unité considérable pour faire face au défi posé par Moscou, écrit le quotidien espagnol. Avec une attitude à l’opposé de son prédécesseur, Joe Biden a cherché à entretenir les relations les plus étroites possible avec ses alliés européens, ce que Vladimir Poutine tente d’ignorer ; et les membres de l’Union européenne, à leur tour, ont serré les rangs. Il est essentiel que cette union […] persiste face aux graves défis auxquels elle devra continuer à faire face.”
En cas d’agression russe, “le paquet de sanctions ne sera qu’une étape dans une crise qui va poser de nouveaux dilemmes, notamment comment continuer à soutenir l’Ukraine ou comment réagir à de probables représailles russes”, note El País. En attendant, conclut La Libre Belgique, “la question qui se pose aujourd’hui est de savoir ce que Moscou a à gagner stratégiquement de la reconnaissance de l’indépendance de ces deux républiques autoproclamées en territoire ukrainien”.
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